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Faire un monde plus solidaire

| François Lesage

2 septembre 2021

Fin juillet 2021, le taux de vaccination en Afrique était de seulement 1,6 % de la population selon l’OMS. La crise de la Covid-19 met en évidence une réalité paradoxale : face à la montée des défis globaux nécessitant une réponse coordonnée et solidaire, le multilatéralisme, et les institutions internationales qui l’incarnent, semblent de plus en plus fragiles.

Si les trente dernières années ont permis des progrès significatifs dans la réduction de la pauvreté, le taux d’extrême pauvreté passant de 36 % de la population mondiale en 1990 à 8,4 % en 2019 selon la Banque mondiale, la pandémie de Covid-19 devrait porter ce taux à plus de 9 % en 2020-2021 toujours selon l’institution basée à Washington, soit la première hausse de la pauvreté mondiale depuis une génération.

La pauvreté reste ainsi significative et concentrée dans un « arc de crises » majoritairement situé sur le continent africain. Elle s’accompagne en outre d’une augmentation des inégalités au sein des pays et de l’émergence de nouveaux déséquilibres résolument globalisés et interconnectés (climat, migrations, sécurité).

Face à ces nouveaux défis, la communauté internationale s’est dotée d’un cadre international de référence commun ambitieux, qui définit dix-sept objectifs de développement durable à l’horizon 2030. L’Agenda 2030, adopté par l’ensemble des 193 pays de l’ONU, est particulièrement innovant par deux aspects. D’une part, il fusionne les agendas du développement et des Sommets de la Terre car tous les objectifs sont liés et ne peuvent être atteints qu’en conjonction les uns avec les autres. D’autre part, il s’applique à tous les pays, du Sud comme du Nord : tous les pays sont considérés comme « en voie de développement durable ».

En France, la loi de programmation sur la politique de développement solidaire et de lutte contre les inégalités mondiales votée le 13 juillet 2021 permet plusieurs avancées dans la concrétisation de ces objectifs de développement. En particulier, elle prévoit pour la première fois une programmation financière portant l’aide publique au développement (APD) de la France à 0,55 % de la richesse nationale en 2022 contre 0,44 % (12,2 milliards de dollars) aujourd’hui. C’est moins que l’Allemagne (0,73 %) par exemple, mais la loi fixe l’objectif d’atteindre 0,7 % en 2025, conformément à l’engagement pris dans le cadre de l’Agenda 2030.

En outre, elle recentre les moyens déployés en faveur de dix-neuf pays pauvres prioritaires, en Afrique subsaharienne et Haïti, afin d’éviter l’effet saupoudrage qui conduisait le soutien à ces dix-neuf pays pauvres prioritaires à stagner autour de 10-15 % de l’aide totale nette depuis 2010.

Enfin, la loi prévoit le renforcement du pilotage de la coopération et des partenariats sur le terrain avec tous les acteurs privés et publics du développement, ainsi que la création d’une commission indépendante d’évaluation.

La crise mondiale actuelle met à mal l’objectif de mettre fin à l’extrême pauvreté en 2030, qui semblait déjà difficile à atteindre avant la pandémie. Elle est cependant l’occasion de réactiver les efforts de la communauté internationale en mettant à nouveau en lumière les interdépendances globales entre les objectifs de développement (environnement et santé, santé et économie, par exemple) d’une part et les régions du monde d’autre part.

Les Rencontres du Développement Durable seront l’occasion d’un point d’étape sur ces avancées, d’une perspective sur les chantiers à suivre, et de propositions concrètes pour un capitalisme de progrès.