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3 questions à... Stéphane Marchand

Rédacteur en chef de Pour l'Eco

28 juillet 2020

Pour L'éco est un média spécialisé voulant rendre accessible à tous les notions de base de l’économie et de la sociologie et permettre à chacun de décrypter plus facilement le monde qui nous entoure.

Pour mener à bien la transition écologique et solidaire, quels acteurs doivent se mobiliser ? Pourquoi faut-il dépasser le clivage traditionnel entre secteurs public et privé ?

La transition écologique ne se fera pas toute seule. Elle ne sera pas non plus le fait d’un acteur solitaire. Par nature, parce qu’elle concerne les Communs, elle ne peut être qu’une œuvre collective concertée. La question, c’est de convaincre les acteurs (publics, privés, ONG, communautés) de s’y mettre ensemble, autrement qu’en leur promettant la honte ou en annonçant l’apocalypse. Les particuliers, pris individuellement, ont un impact mineur sur le climat et l’environnement mais dans leur ensemble, ils sont une force immense et, plus encore, ils sont le socle de la prise de conscience qui fera basculer la planète du bon côté. Les citoyens des pays avancés doivent non seulement donner l’exemple mais inventer le moyen de « scaler » cet exemple. Les citoyens des pays moins avancés pourront alors inventer les déclinaisons frugales de ces inventions. Les Etats ont des moyens considérables et ils doivent les utiliser à bon escient, ne pas se concentrer sur l’affichage. Ils doivent réglementer sans nuire à l’économie. Les entreprises, enfin, sont en première ligne. Exploitant les ressources de la planète, leur survie dépend de la préservation de ces ressources. De leur capacité à innover en matière de transition, dépendra leur capacité à attirer les meilleurs talents, dont dépend aussi leur survie.

Comment faire durer, et vivre au quotidien, le débat sur le développement durable ?

Je dirige un média qui s’appelle Pour L’Eco qui est un mensuel économique s’étant fixé pour objectif et pour mission de faire vivre au quotidien le débat sur le développement durable. Nos conclusions sont que pour le faire vivre au quotidien, il est très important de montrer que nos efforts vont porter leurs fruits, à tous les échelons. Montrer aux particuliers que lorsqu’ils font des économies d’eau chaque jour, cela a des conséquences positives. Montrer aux fabricants de voiture que tous les efforts qu’ils font en recherche pour améliorer la performance énergétique de leurs automobiles, ça a des conséquences positives. De manière générale, montrer aux entreprises que tout ce qu’elles font pour améliorer leurs performances en développement durable est une amélioration de leur performance globale. Tout cela, il faut montrer que c’est possible, il ne faut pas annoncer l’apocalypse. Il faut que les gens soient vigilants, que les gens soient responsables. Il est très important que les gens ne soient ni cyniques, ni désespérés.

C’est comme ça que Pour L'Éco parle du développement durable. Nous lançons, en septembre, une nouvelle section qui s’appellera « Solutions pour la planète » ; nous lançons également, une nouvelle section qui s’appelle « Inclusion » ; et nous lançons une nouvelle section sur l’entreprise et sa responsabilité. Tout cela participe à faire vivre au quotidien le débat sur le développement durable. Les médias ont un rôle éminent à jouer. Il faut surtout que les gens sachent qu’il faut agir, qu’ils peuvent agir, et nous avons bien l’intention de leur suggérer des modes d’action.

Comment promouvoir la réflexion au niveau local en matière de développement durable ?

La réflexion sur le développement durable est déjà vive au niveau local et il faut mettre les maires au cœur de cette réflexion. Pourquoi eux ? Parce que leur relation pédagogique au citoyen est la plus forte qui soit. Ils sont capables de convaincre par la preuve et de montrer leur impact. La présence des RDD sur tout le territoire national répond bien sûr à cette analyse. Les exemples abondent. Par exemple le maire de Dunkerque a rendu les transports gratuits pour inciter les habitants à laisser leur voiture au garage et à emprunter les transports en commun. Dans un contexte de réchauffement climatique, de dévitalisation des centres villes, de pollution atmosphérique, la gratuité des transports est un choix politique. Pour réduire la place de la voiture, améliorer la qualité de l’air, lutter contre l’exclusion des personnes âgées, offrir du pouvoir d’achat aux usagers. La fréquentation des bus a bondi de 65 % en semaine, de 125 % le week-end. La moitié des nouveaux usagers sont des ex-conducteurs de véhicules individuels. Même esprit dans les communes qui instaurent 100% de produits bio à la cantine scolaire. En pratique, il faut sécuriser l’approvisionnement à travers la commande publique auprès d’agriculteurs bio locaux. Les maires conservent de vraies marges de manœuvre.