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Agir à temps

| Jean-Baptiste Boyssou

5 août 2020

Connue pour abriter la plus grande réserve de graines au monde, dotée de plus de 4 millions de plantes en devenir, et abritant la ville habitée la plus au nord du monde, l’archipel du Svalbard (Norvège), a dépassé ce samedi 25 juillet 2020 son record absolu de chaleur, avec plus de 22°C. A cette période de l’année, la température moyenne est de 6,7°C. Il est temps d’agir.

Le fameux tic-tac de l’horloge climatique, sonne désormais comme un tambour à forte cadence. Nombreux sont les signes d’une accélération permanente de ses effets, par des disparitions d’espèces ou des canicules faisant désormais partie intégrante du paysage estival. Face à un danger protéiforme, et alors que nos choix actuels déterminent déjà l’état de l’environnement dans 20 ans, quels sont les leviers nous permettant d’agir efficacement ?

“Je ne veux pas que vous soyez plein d’espoir. Je veux que vous paniquiez”. C’est par ces mots frappants, et désormais célèbres, que l’activiste climatique Greta Thunberg s’adressait aux leaders mondiaux sur la question de l’environnement au forum de Davos en 2019. Face au poids d’un changement climatique pouvant impacter autant l’état de la biodiversité que le moral des jeunes générations, l’heure n’est plus à la désorganisation, mais bien à l’action. La pandémie a placé, de force, sur le devant de la scène des enjeux clés pour le changement climatique. Les chaînes de valeur mondialisées sont à repenser, notre rapport à la biodiversité est à reconstruire, nos modes de vie semblent en décalage avec nos aspirations écologiques. L’occasion pour reprendre la main est historique. Saisissons-la.

La Convention Citoyenne pour le Climat, en juin dernier, a proposée d’ériger la nécessité des enjeux écologiques comme principe, en modifiant l’article premier du texte fondateur de notre République, la Constitution de 1958. Cette mesure, lourde de sens, est un marqueur puissant de l’impact de la crise écologique à toutes les échelles de l’action publique. La question du développement durable s’affiche dans toute sa complexité, nécessitant d’articuler budget vert et relance économique, action durable et efficace, justice sociale et climatique. A la rencontre des différentes échelles de temps de la puissance publique, nécessitant de dépasser le carcan administratif souvent en décalage avec la nécessité d’une action rapide, la pandémie a rappelé que l’État avait toutes les cartes en main pour une action forte et tangible. L’occasion de penser cette complexité est historique. Saisissons-la aussi.

Enfin, le plan de relance européen, s’inscrivant dans la digne lignée du Green Deal, affiche la claire ambition d’un rebond durable de nos économies. Ce travail d’équilibriste entre croissance et réduction de l’impact environnemental, doit prendre en compte les complexités et la diversité des espaces, pour les inclure - tous, et de manière durable - dans la lutte contre le réchauffement climatique. Chaque territoire, national, régional ou européen, est unique. L’identification des forces et faiblesses de chacun, et notre capacité à les exploiter au mieux, sera un des volets clé d’une transition durable et réussie. L’occasion de repenser nos territoires est historique. Saisissons-la également.

Les Rencontres du Développement Durable seront l’occasion de revenir sur l’urgence de la situation, et de nous concentrer sur les perspectives s’offrant à nous.