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3 questions à... André Sobczak

Délégué général RSE et Titulaire de la Chaire Impact Positif d’Audencia

26 juillet 2021

Fondée en 1900, Audencia Business School a été la première école de management française à adhérer à l’initiative Global Compact des Nations Unies. Elle a également créé Gaïa, la toute première école au sein d’une Business School dédiée à la transition écologique et sociale. Audencia accueille pour la seconde fois les RDD. Cette année, le rendez-vous est donné le 11 octobre, à Nantes

Comment votre organisation s’engage-t-elle dans la transition ?

Après avoir été pionnier sur la RSE parmi les Business Schools françaises, Audencia met aujourd’hui la transition écologique et sociale au cœur de sa stratégie et de l’ensemble de ses activités, qu’il s’agisse de l’enseignement, de la recherche et des relations avec les entreprises. 

Adopté au début de l’année 2021 dans le cadre d’un processus associant l’ensemble de ses parties prenantes, son plan stratégique ECOS a pour ambition de transformer l’école afin de maximiser son impact positif sur les individus, les organisations, la société et la planète. Cela se traduit notamment par la création d’une Business School intégralement dédiée à la formation aux stratégies et pratiques managériales à impact positif, l’école Gaïa. Pour réussir ce défi, Audencia travaille étroitement avec des institutions académiques d’autres disciplines, mais aussi avec des entreprises ou des associations engagées dans la transition, afin de permettre à nos étudiants d’acquérir les connaissances et de développer les compétences nécessaires pour imaginer et mettre en œuvre le changement dans les organisations dans lesquelles ils travailleront plus tard. 

Un exemple est le partenariat récent avec le Shift Project qui a pour objectif de faire d’Audencia un exemple de la manière de transformer l’ensemble des formations et spécialisation d’une Business School. En parallèle, les enseignants-chercheurs de l’école et les étudiants inspirent et accompagnent des entreprises et des organisations publiques qui souhaitent revoir leurs modèles économiques, leurs stratégies et leurs pratiques de management, afin d’être à la hauteur des enjeux écologiques et sociaux, tout en renforçant leur capacité à innover, leur performance et donc leur pérennité. 

Après le succès de la première édition, notre nouvelle participation aux Rencontres du Développement Durable s’inscrit dans cette ambition et nous permet de mobiliser nos étudiants et nos autres parties prenantes. 

Pourquoi est-il nécessaire de se mobiliser à l’échelle de l’Union européenne ?

Si la transition écologique et sociale suppose des actions à l’échelle locale, il est indispensable qu’elles soient encouragées et accompagnées à l’échelle européenne. Il s’agit à la fois d’éviter des distorsions de concurrence entre les différents États membres qui pourraient retarder les transitions écologiques et de disposer de la taille critique suffisante pour financer les innovations nécessaires à ces transitions. 

En s’engageant ainsi et en inventant un nouveau modèle de développement économique plus responsable et plus durable, l’Europe montre l’exemple aux autres grandes puissances du monde, tout en assurant la compétitivité à long terme du continent. L’Union européenne s’est en effet fixée l’objectif ambitieux de réduire ses émissions carbone de 55 % d’ici 2030, puis d’être neutre en carbone d’ici 2050. Il s’agit désormais de traduire ces objectifs dans les différentes législations et politiques, notamment dans le domaine de l’énergie, du transport, de l’agriculture, du tourisme, mais aussi dans le droit des sociétés et la commande publique. 

Je suis convaincu que les acteurs académiques européens ont un rôle à jouer pour accompagner l’émergence et le déploiement de ce modèle européen. Audencia s’y efforcera, en développant des liens avec des écoles de différentes disciplines engagées comme elle pour la transition écologique et sociale.

Quel sens donnez-vous au « monde d’après » ?

S’il n’y aura pas de rupture nette entre l’avant et l’après, la crise sanitaire a clairement accéléré la prise de conscience parmi les citoyens et les entreprises qu’il nous faut inventer et déployer de nouveaux modèles plus responsables. Il ne suffit plus que les entreprises mettent en place des actions écologiques et sociales qui seraient isolées et déconnectées du modèle économique et de la stratégie. Il faut analyser de manière systématique l’ensemble des impacts des activités des entreprises sur les parties prenantes, puis prendre des engagements et se donner les moyens de les améliorer de manière significative pour créer un impact positif et contribuer aux objectifs de développement durable. 

Depuis 2 ans, de plus en plus d’entreprises se lancent dans de telles transformations, quitte parfois à changer de statut, comme les entreprises à mission. Les Business Schools doivent accompagner ce mouvement, en sensibilisant leurs étudiants à ces modèles et en développant des recherches sur les obstacles et les leviers de succès de ces transformations. En s’associant à des acteurs académiques en sciences politiques et en droit, elles peuvent faire des propositions pour des régulations publiques favorables à des modèles économiques qui contribuent aux objectifs de développement durable. La crise a en effet démontré la légitimité et la responsabilité des pouvoirs publics à réguler les activités économiques pour s’assurer qu’elles intègrent d’autres objectifs que la rentabilité financière à court terme au profit des seuls actionnaires.