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3 questions à... Mathieu Bouyer

Responsable développement durable à l'INSA Lyon

30 juillet 2021

Comment votre organisation s’engage-t-elle dans la transition ?

La prise de conscience des enjeux de développement durable et de responsabilité sociale est au cœur du modèle d’ingénieur humaniste de l’INSA Lyon : un ingénieur engagé, citoyen, soucieux de l’impact des sciences et technologies sur la société et l’environnement. Afin de remettre en perspective la pertinence de ce modèle face aux nouveaux défis du monde, l’INSA Lyon a mené, ces dernières années, une démarche prospective. L’objectif : imaginer et préparer de manière collaborative, inclusive et contributive, le futur de l’école à l’horizon 2040. Cette initiative a impliqué plusieurs centaines de participants – élèves, personnels, diplômés, partenaires - et contribué à préciser ce qui faisait la spécificité des engagements de l’établissement. 

Le nouveau projet stratégique de l’INSA Lyon – Ambitions 2030 – a été construit sur la base de ces travaux. Il a placé la transition énergétique, environnementale et écologique au cœur de la stratégie de notre établissement. Nos activités de formation, de recherche et de vie de campus sont désormais articulées, conçues et développées autour de cet axe prioritaire. Nous collaborons notamment avec The Shift Project pour renforcer nos enseignements sur les enjeux énergie-climat. L’INSA contribue ainsi à former un ingénieur qui prend en compte la raréfaction des ressources, le besoin de sobriété et qui met la technologie au service d’un mieux vivre ensemble. 

En matière de recherche, nos activités sont structurées depuis plusieurs années autour de cinq enjeux sociétaux : énergie, transport, environnement, numérique et santé. Nos 23 laboratoires développent ainsi des travaux en lien direct avec les grands enjeux scientifiques, technologiques, environnementaux et sociaux de la société. Nous disposons aussi de centres reconnus mondialement pour leur excellence dans des domaines tels que le traitement et la valorisation des déchets. 

Enfin, du côté de la vie de campus, nous encourageons la mise en œuvre de pratiques exemplaires. Sur ce sujet, toute la communauté INSA - personnels administratifs, enseignants, chercheurs et étudiants - est impliquée. Nous avons ainsi reçu en 2020 un Trophée Campus Responsable pour la diminution de l’empreinte carbone des repas servis dans nos restaurants et la gestion de nos eaux pluviales. 

Doit-on s'inspirer des actions de la jeunesse en matière d’environnement, et si oui comment ?

Depuis 2015, nos étudiants se mobilisent très largement sur la question environnementale, notamment à travers une charte d’engagement signée par le Directeur. Lorsque la jeunesse s’est levée partout dans le monde, dans la même dynamique que celle initiée par Greta Thunberg, des « groupes de transition » se sont formés à l’INSA. De manière informelle et spontanée, les étudiants ont structuré, au sein de leurs départements de formation, un espace de dialogue pour challenger le contenu de nos enseignements sur les enjeux environnementaux. Depuis, il existe un comité « transition INSA » qui fédère l’ensemble de ces groupes et converge avec le travail mené par la direction de l’INSA Lyon sur l’évolution de nos formations. 

Aujourd’hui, il est certain que la jeunesse a de plus en plus la volonté de se mobiliser sur la question de la transition écologique. Ce rôle de lanceur d’alertes, d’agitateur, d’empêcheur de tourner en rond, contribue à animer nos réflexions et engagements, aux côtés de nos enseignants-chercheurs qui apportent les connaissances fondamentales et la rigueur scientifique. Les rencontres régulières entre élèves, personnels et partenaires de l’INSA au sein de notre campus contribuent à alimenter notre vision sur les enjeux de transition. Alors oui, je crois qu’il est nécessaire de laisser de la place aux actions de la jeunesse, qui seront les ingénieurs de la transition. 

Comment dépasser le clivage entre le secteur privé et le secteur public en matière de transition ?

Il est absolument nécessaire de regarder dans la même direction, c’est certain. Entreprises, collectivités, établissements d’enseignement supérieur réunissent une légitimité, une expertise et une capacité d’action qui se trouvent démultipliées lorsque ces trois mondes dialoguent et se rencontrent. Dans cette logique, la Fondation INSA, en partenariat avec VINCI et Usbek & Rica a mené une série de conférences-débats sur le thème « les ingénieurs peuvent-ils réparer le monde ? »

L’INSA anime ainsi un écosystème réunissant des acteurs économiques, académiques, institutionnels de premier plan, dans un esprit de coopération qui permet de penser le développement d’une économie durable. Ces approches partenariales permettent de nouer de véritables alliances stratégiques, notamment en matière de recherche, au service de causes sociétales. En créant des pôles de compétences et d’excellence scientifique et économique, l’INSA Lyon en tant qu’acteur public a donc réussi à dépasser ce clivage, pour aller vers un développement économique durable, en étroite coopération avec les acteurs privés.