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3 questions à... Saphia Larabi

Directrice des Publications de la Fabrique Spinoza

28 juillet 2021

Comment votre organisation s’engage-t-elle dans la transition ?  

La Fabrique Spinoza est fière de participer aux Rencontres du Développement Durable. Notre étude « Nature, Santé et Engagement : vers une nouvelle approche de la transformation écologique » est née du constat que le récit écologique dominant, alarmiste et sacrificiel, peine à générer un engagement suffisant. En effet, le discours ambiant développe l’éco-anxiété, qui a pour double effet pervers de nous réfugier dans le cerveau reptilien (celui de l’urgence) et d’enseigner « l’impuissance apprise ». 

Par ailleurs, notre déconnexion du vivant est si marquée que les écologues parlent « d’extinction d’expérience de Nature ». Aussi, il nous semblait important de formaliser un récit écologique complémentaire : positif et enthousiaste, centré sur les individus, rappelant leurs émotions en nature, les reconnectant à leurs motivations profondes pour le vivant, à leurs aspirations écologiques réelles et aux bienfaits de la nature sur leur santé globale. Un tel discours nous semble être en capacité de nous faire glisser de l’oubli de nature vers l’émerveillement puis l’engagement. L’élaboration de ce nouveau récit est susceptible d’embarquer tout autant les citoyens que la société civile organisée. 

Quels types d’acteurs est il essentiel de mobiliser pour mener à bien la transition ? 

La transition écologique ne peut être l'œuvre d’un seul ou de quelques-uns, bien intentionnés. Elle ne peut être réalisée que si, parlant à tout un chacun, elle devient globale et collective. Il s’agit de réunir tous les secteurs confondus (institutions publiques, ONG, entreprises, société civile, communautés…) et surtout de susciter l’engagement. Or, notre récente étude, complétée d’une enquête de l’Institut Think, a mis au jour, d’une part, que 1 Français sur 2 considère le discours politique et médiatique actuel de la transition comme décourageant ; et d’autre part, que les personnes engagées pour l’environnement sont aussi celles qui ressentent la relation la plus forte avec la nature (84 % ; contre environ 60 % pour les non-engagés). 

Aussi, nous semble-t-il important de convoquer un autre circuit essentiel de l’engagement : celui des émotions. Convoquer l’amour de la Nature, la joie, l’émerveillement ou sublime, à la fois comme une source de bienfaits de cette reconnexion à la nature et encore comme un levier d’engagement. Le premier acte écologique et engagé est ainsi de se rapprocher de la Nature. 

L’expérience de Nature procure des émotions positives qui ont le pouvoir d’enclencher une réorientation dans cette relation à la Nature, ses envies et ses comportements. Notre étude « Nature Santé et Engagement, une nouvelle approche de la transformation écologique » explore les résultats des recherches scientifiques ainsi que les dispositifs de cette reconnexion à la Nature dans les différents espaces de vie - logement, ville, travail, éducation, alimentation, consommation, loisirs - et les solutions environnementales innovantes existantes pour guider une transformation écologique systémique.

Quels sens donnez-vous au monde d'après ? Dans quelles mesure les ODD doivent-ils contribuer à le dessiner ? 

La notion du monde d’après implique un virage, une voie à suivre. Ce virage est possible et nécessaire dès à présent. Une stratégie des petits pas inviterait à s’interroger sur notre action immédiate en faveur de la Nature. Si le monde d’après vise une transformation écologique globale réelle, de nombreux dispositifs sont à disposition pour nous guider. Évidemment les ODD sont une ressource essentielle. Notre étude, « Nature, Santé, Engagement, une nouvelle approche de la transformation écologique », s’inscrit dans les ODD, en particulier les 14 et 15 relatifs à la biodiversité. 

Dans cette lignée, nous formalisons 9 principes directeurs du vivant. Ceux-ci s’avèrent être à la fois des sources d’épanouissement et aussi une invitation à la mise en mouvement écologique. En effet, de ces principes communs à l’ensemble du vivant découlent naturellement des actions engagées dites « d’écologie positive ». Plus précisément : elles sont rattachés aux principes biomimétiques ; elles induisent un impact positif sur la Nature ; elles rapprochent de la Nature ; et, enfin, elles procurent des bienfaits en termes de santé, de qualité de vie ou de bonheur. La boucle est bouclée : le vivant nous inspire les solutions et engagements qui le préserveront !